dimanche 7 septembre 2014

Un web responsable ?



Ce soir, je vais rester dans le monde réel et dans une actualité qui me fait réfléchir (et qui m'indigne aussi).

Vous en avez sûrement entendu parler ces derniers jours (dans la presse, sur le web, et peut-être même à la télé) ; un certain nombre de célébrités ont vu des photos d'elles dans leur plus simple appareil se répandre sur la toile, et ce, contre leur volonté.

J'ai fait le choix de ne pas regarder ces images, mais j'ai tout de même lu un bons nombres de choses plus ou moins aberrantes (selon mon point de vue), et je ne peux m'empêcher de me questionner sur la responsabilité des uns et des autres (victimes, hackers, sites, internautes lambda).

Il va sans dire que le discours qui consiste à faire culpabiliser les victimes de ce hack me hérisse le poil. Certes, si l'on ne veut pas retrouver des photos intimes de nous sur la toile, le mieux à faire reste de ne pas les stocker sur un serveur en ligne. Même en utilisant des services dits sécurisés, le risque 0 n'existe pas sur le web, tout le monde le sait (ou plutôt, il faudrait que tout le monde y soit sensibilisé). Moi, j'irai plus loin en disant que le mieux, c'est de ne pas prendre de photo du tout. Mais bon, c'est un point de vue, et finalement, chacun fait ce qu'il veut dans la mesure où ça ne fait de mal à personne.

Dans l'histoire, il me semble bien que les "victimes" n'aient commis aucun mal, et que les seuls fautifs sont ceux qui ont volé les photos sur des serveurs privés, dans le but de les rendre public. Ce sont bien eux les coupables. Y a même pas à discuter.

Après, une fois que le mal est fait (à savoir : les photos sont diffusées sur la toile), qu'en est-il des sites et internautes lambda ?

Pour le moment, le web est une zone de non droit, simplement par le fait qu'aucune législation mondiale n'encadre cet outil. D'un pays à l'autre la loi peut changer, et ce qui peut être interdit dans un coin du monde, sera autorisé à l'autre bout, et au final, si on cherche, on trouve tout sur internet.

Pour moi se pose donc la question du choix moral des sites et des internautes.

Il y a eu préjudice concernant des photos volées et celles-ci sont à la portée de tous. J'entends beaucoup dire : "oui mais ce n'est pas moi qui les ai publiées, elles étaient déjà sur le web". Certes. Est-ce que pour autant, cela nous "oblige" à (re)publier, ou encore à regarder ce contenu ? Je pense que non, et je pense que nous sommes responsables de nos actes : faire suivre un lien, ou cliquer sur un article pour en lire le contenu. Cela ne relève que de notre simple choix.

Plus haut, j'ai dit avoir fait le choix de ne pas regarder ces photos. Elles ont été volées, et j'estime que les regarder contribue au mal qui est fait aux victimes. On m'a alors sorti l'argument de la curiosité : "oui, mais si elles te sont proposées, tu seras forcément tenté de regarder, ne serait-ce que par curiosité". Encore une fois : certes. Mais est-ce que notre curiosité doit se placer au-dessus de notre sens moral, de nos principes, et du respect de l'autre ? Je pense encore une fois que non.

Ce que j'aimerais voir dans les années à venir : une véritable conscience qu'internet ne doit pas être au-dessus des lois, et que nous restons responsables de ce que nous faisons ne serait-ce parce que nous avons le choix.

vendredi 7 mars 2014

Parle-moi de volonté



Sans détermination,
Le jour de sa nomination
Il a quand même du bon vouloir.
Et dans un éclat de pouvoir,
Avec une volonté de fer,
Il aime cette vie douce amère,
Basée sur du volontariat.
Et quand il partira,
Jamais il ne pourra gagner.
Il crut qu'il pourrait voler,
Et un jour il arrivera à se surpasser.
Il en avait marre de repasser,
Et pour survivre
Jamais, jamais plus il ne serait ivre,
Pour ne jamais se révéler.
Si seulement il pouvait se rappeler.

La dernière fois que j'ai déjeuné en famille on a fait un petit jeu.
Première étape : choisir un thème. Ici donc, ce sera le thème de la volonté.
Deuxième étape : selon le thème, choisir 8 mots ou expressions. Ici nous aurons "détermination", "bon vouloir", "volonté de fer", "volontariat", "gagner", "se surpasser", "survivre", "se révéler".
Troisième étape : choisir 8 mots qui riment avec les 8 précédents.
Quatrième étape : écrire un morceau de phrase avec les premiers 8 mots choisis.
Cinquième étape : écrire un morceau de phrase avec les autres 8 mots qui riment.
Sixième étape : lire ce que ça donne.
Le principe étant de ne pas réfléchir lorsqu'on écrit, bien entendu !
Voilà ma contribution sur le thème de la volonté. C'est brut de décoffrage, mais c'est un exercice bien sympa à faire.

lundi 24 février 2014

Destins croisés - Episode 18


***

Je repris conscience quelques minutes plus tard. Taen s’était mis en route et m’avait calé sur ses épaules, comme Baron. Une position pas très confortable à vrai dire.

- Tu as repris tes esprits ? me demanda le jeune homme qui avait décidé de passer au tutoiement.
- A priori… oui.

Il s’arrêta et me posa au sol. Mes genoux tremblèrent quelques secondes, puis se reprirent. Mon dos me lancinait terriblement et ma tête semblait sur le point d’exploser. Je ne pouvais pas dire que j’étais au meilleur de ma forme. Décidant d’oublier mon inconfort un instant, je regardai autour de moi avec curiosité. Il n’y avait rien d’autre que l’obscurité et les bruits étranges du sous-bois.

- Où m’emmènes-tu ? demandai-je méfiante.
- Au point de ralliement convenu avec les autres, répondit-il avec douceur. C’est à une demi-heure d’ici.
- Pourquoi te ferai-je confiance ?
- Si je t’avais voulu du mal ce serait déjà fait, répondit-il un peu agacé.

Je reculai de quelques pas, le dévisageant avec insistance. Rien ne me prouvait qu’il fût plein de bonnes intentions, mais rien ne me prouvait non plus qu’il me veuille du mal. 

- D’accord, continua-t-il, levant les mains en signe de paix. Je comprends que tu te méfies. Après tout, je pourrais faire partie d’un autre groupe d’Enleveur. Si tu veux, je vais ouvrir la marche et tu resteras derrière moi avec mon épée. Le marché te parait honnête ?

Je le regardai des pieds à la tête en pesant le pour et le contre. Je n’avais aucune idée de l’endroit où j’étais, je ne connaissais personne dans ce monde en-dehors d’Erick, je n’avais ni nourriture, ni eau, ni arme et je ne savais pas où je devais aller pour me sortir de ce pétrin. Mes options étaient finalement assez réduites.

- Oui, ça me parait plutôt honnête.

Taen défit le ceinturon qui maintenait le fourreau de son épée contre sa hanche et posa l’ensemble au sol sans me quitter des yeux. Comme je ne bougeai toujours pas, il recula de quelques pas tout en gardant les mains levées.

- Je t’assure que je ne te ferai rien.
- Oui et bien je préfère rester prudente.

Je me baissai et allongeai le bras pour récupérer l’épée et son fourreau. C’était plus lourd que ce que j’imaginais et je n’étais pas bien sûr d’avoir suffisamment d’énergie pour m’en servir correctement s’il le fallait. Après avoir bataillé pendant cinq bonnes minutes avant de réussir à boucler correctement ce ceinturon, je dégainai l’épée et désignai l’obscurité de la lame.

- Les hommes d’abord, si tu veux bien.

Avec un regard amusé, Taen passa devant moi et ouvrit la marche. Même avec une arme au poing, je n’étais pas vraiment plus rassurée. Mais je me fis violence et talonnai mon guide de près. Ce dernier se déplaçait avec aisance, un peu à la manière d’Erick. Pour oublier les chairs déchiquetées de mon dos et ma tête, j’essayai discrètement de l’imiter. Sans succès. Tout ce que je réussissais à faire c’était me prendre les pieds dans les racines et faire encore plus de bruit.

- Tu n’es pas une fille de la campagne, n’est-ce pas ? s’enquit Taen au bout d’un moment.
- Pas vraiment, non.
- D’où viens-tu ?
- Pas d’ici en tout cas.
- Que de mystère…, déclara-t-il en riant. Très bien, ça me va comme ça.

Alors que j’allais répliquer, un choc violent me propulsa contre l’arbre le plus proche. Désorientée, je cherchai Taen du regard. Il était aux prises avec deux assaillants. Je reconnu Baron à son nez rouge et déformé et celui qui m’avait fouettée jusqu’au sang. L’homme qui m’accompagnait ne pouvait lutter contre deux hommes qui avaient la même puissance que lui. S’il était plus agile que les deux autres, le nombre compensait la maladresse des agresseurs. Je devais agir. Fébrilement, j’attrapai l’épée qui gisait à mes côtés et me relevait.

Aller, arrête de penser, passe à l’action maintenant. En poussant un cri de rage je m’élançai vers les trois hommes, lame en avant. Avec la vitesse de ma course, le fer s’enfonça sans résister dans les chairs de Baron. L’Enleveur brailla et s’écroula au sol. Probablement mort. L’épée fichée dans le dos. Taen et le second agresseur me regardèrent en écarquillant les yeux.

- La garce… murmura l’acolyte de Baron. Elle l’a tué…

Alors qu’il s’apprêtait à se jeter sur moi, Taen le ceintura et l’envoya valser au sol. Les deux hommes s’engagèrent dans un combat au corps à corps sans merci. Encore engourdie par ce que je venais de faire, j’attrapai mollement la garde de l’épée et tirai dessus pour l’extraire de son enclume humanoïde. Je dû m’y reprendre à plusieurs fois avant de la récupérer. Et sans plus réfléchir, j’interrompis la lutte en enfonçant la lame dans les reins de l’Enleveur.

- Ça, c’est pour les coups de fouet…

L’homme voulut se retourner pour me regarder, mais cela eut pour conséquence de l’achever, car je n’avais pas lâché prise sur la garde. Il mourut en émettant d’immondes gargouillements. Taen se releva et posa sa main sur la mienne.

- C’est fini. Tu peux lâcher cette épée maintenant.
- Je peux…

Je ne finis pas ma phrase et tournai la tête vers le jeune homme.

- Oui tu peux. C’est terminé.
- Je…

Mes jambes me lâchèrent et je m’agenouillai au sol, prise de tremblement.

- Eléonaure !

Cette voix…

- Erick… soufflai-je.

Il s’approcha de moi et s’accroupit à mes côtés pour me prendre par les épaules. Je grimaçai de douleur et penchai la tête en avant. Il ne m’avait pas abandonné. Taen avait dit la vérité. Il passa une main dans mes cheveux et sa main s’arrêta sur mon menton pour me relever la tête.

- Qui t’a mis dans un état pareil ? demanda-t-il doucement.
- Eux, répondis-je en désignant les deux cadavres du regard.
- Eh bien, il vaut mieux ne pas te chercher des ennuis ! s’exclama-t-il.

J’étouffai un rire mêlé à un sanglot.

- Pourquoi…
- Parce que les Dieux l’ont voulu ainsi Eléonaure, répondit Erick en me pressant contre lui.
- Les Dieux n’existent pas.
- Peut-être pas dans ton monde, mais ici, si.
- Dites, je ne voudrais pas interrompre votre débat théologique, intervint Taen, mais nous ferions bien de rejoindre le camp. Il faut s’assurer que nous ayons récupéré tout le monde.

Erick acquiesça et se redressa.

- Tu peux marcher ?
- Oui, ça ira.

Il m’aida à me relever et tous les trois nous reprîmes la route, laissant les deux cadavres derrière nous. Il nous fallut à peine un petit quart d’heure pour rejoindre le reste du groupe. Le bilan était positif, tous les prisonniers étaient vivants, six Enleveurs au total avaient été tué, et les autres avaient fui vers le sud. En tout, dix hommes étaient venus à notre secours, chacun étant un proche de l’un des paysans enlevés par les hommes de Baron.

En nous voyant arriver, Sarizine courut à notre rencontre pour se jeter dans les bras de Taen. Le jeune homme la serra un long moment contre lui avant de la saisir par les épaules pour l’observer des pieds à la tête.

- Pourquoi faut-il toujours que tu te fourres dans des galères pas possibles ? déclara-t-il sourire aux lèvres. Tante Dalina n’a donc vraiment rien mis dans ton crâne d’oiseau ?!

Sarizine éclata de rire et entraina son cousin près du feu de camp pour s’asseoir avec les autres. Je n’avais pas très envie de me mêler au groupe pour partager leur retrouvaille familiale. Erick resta à côté de moi pour contempler les hommes et les femmes qui s’enlaçaient, heureux de se savoir en vie, sain et sauf.

- Tu vas bien ? me demanda-t-il toujours avec douceur.
- A ton avis ?! ripostai-je avec amertume. J’ai atterris dans ton monde sur la tête en haut d’une falaise. J’ai fait de l’escalade en pleine nuit manquant de me rompre le cou à plusieurs reprises. Je me suis faite enlevée par des porcs. J’ai été séquestrée et battue jusqu’au sang. Et tout ça grâce à toi.
- Eléonaure, je suis…
- Oui, oui, je sais, tu es désolée, tout ça. Ben moi aussi je suis désolée. Alors si tu veux bien, je suis fatiguée et je vais aller dormir.

Sur ces mots, je tournai les talons et disparu derrière un tronc d’arbre pour m’asseoir. Dans la pénombre, je m’attrapai la tête entre les mains et me fis violence pour ne pas céder aux larmes. Dans quelle merde je m’étais encore fourrée ? Ici personne ne pourrait venir à mon aide. Dans mon monde non plus d’ailleurs, pensais-je amèrement.

Erick s’agenouilla devant moi et posa une main sur ma tête.

- Je ne veux pas attirer l’attention sur moi, mais je peux au moins faire ça pour toi en attendant d’être plus tranquille.

Une douce chaleur m’envahit et je me sentis partir en avant. Les ténèbres m’enveloppèrent avant même que j’atteigne le sol.

Et un pavé ! Parce que ça faisait longtemps...
Au passage une illustration aussi, quand même, faut pas déconner hein.

Et juste pour dire que ça y est, j'ai trouvé un nouveau taff qui me plait beaucoup (design, intégration et compagnie... le kiff !). Pourvu que ça dure :)

Aller, à la revoyure !

mardi 21 janvier 2014

Assassin



De l'encre coula le long de la plume et une minuscule goutte noire vint ponctuer la fin de ma phrase, de mon paragraphe, de mon chapitre, de ma conclusion. Voilà, j'y étais enfin arrivé.

La pluie battait les carreaux de ma fenêtre depuis de longues minutes, mais je n'arrivais pas à détacher mon regard de ce point final. Je ne pouvais pas croire que tant d'années à voguer sur les flots tumultueux, à préparer ces assaut fougueux, boire et manger le butin de toutes ces batailles venaient de prendre fin.

Tamine la Rebelle, devenue Tamine l'Arrogante, puis Tamine l'Insoumise s'éteignait enfin. Après des décennies de règne sur son royaume des Mers du Diable, des décennies de défaites, de conquêtes, d'amour, de passion et de haine. Non, je ne pouvais y croire.

Comme dans un rêve, je vis ma main bouger, et signer le manuscrit en bas de la page.

Après toutes ces années à vivre avec elle, je devais la laisser s'en aller. Nos chemins doivent se séparer, et même si la douleur semble insoutenable, c'est inéluctable.

Tamine l'Insoumise continuera à batailler sur les étagères des bibliothèques, tandis que moi... moi je pourchasserai un autre héros, avec d'autres ambitions, dans un autre monde.

Voilà ce que m'inspire un artwork tiré de l'artbook d'Assassin's Creed Black Flag. Je n'y ai pas encore joué, mais le travail artistique mené autour de ce jeu est somptueux. Un régal pour les yeux.