vendredi 22 février 2013

Lueur d'espoir - Episode 15



Je me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Un goût de sang me monte à la bouche tandis que je porte une main à mon ventre pour vérifier l’état de ma fine cicatrice. 

- Ça va Xalyah ? 

Nedj ! Je ne l’avais même pas remarqué alors qu’il était quasiment en face de moi. Prestement je retire ma main de sous mon tee-shirt et me lève en m’ébouriffant les cheveux. 

- Oui, oui, ça va. Merci. 

Le cadran de mon mémo indique six heures du matin. Il est temps de rassembler mes affaires. Quinze minutes plus tard, Khenzo, Jeremy, Tidji, Camélia, Nedj, Ed, et… Tim sont devant l’abris, leur sac à la main et prêts à partir. Les adieux sont brefs, mais derrière ces gestes froids je perçois l’émotion de chacun. Cela faisait plusieurs mois qu’ils vivaient ensemble et se protégeaient mutuellement, donc forcément ça créé des liens. Tim ne peut s’empêcher de faire remarquer avec rudesse qu’il part uniquement pour suivre Khenzo, et non pour m’aider ou me suivre. Le concerné lève un sourcil désapprobateur, mettant fin à la tirade ridicule de l’aîné. Je hausse les épaules ; qu’est-ce que ça peut bien me faire ? Après tout chacun vit sa vie, et je ne lui ai rien demandé. 

La nuit a été très froide. Un paysage désolé et recouvert par cinq centimètres de poudreuse nous attend tranquillement tandis que les premiers rayons du soleil perce difficilement l’épais ciel gris qui recouvre la ville. L’hiver est enfin arrivé et il promet d’être particulièrement rude. 


Chacun s’emmitoufle dans ses vêtements les plus épais et dans le silence le plus total nous entamons notre première journée de marche. Alors que nous quittons progressivement la région parisienne, la vie semble de nouveau animer les rues des villes et villages que nous traversons. Paris et ses environs sont totalement sous le contrôle de Macrélois depuis presque douze mois. Seuls les partisans du PPNG circulent librement derrière les murs de la petite couronne. Les autres sont soit morts, soit détenus sous haute sécurité à l’abri des regards de la foule. Cela ferait désordre d’exposer en plein jour les multiples tortures et expériences qu’ils pratiquent sur leurs opposants. 

Il est courant de voir des patrouilles de PPNG jusqu’à cinquante kilomètres autour des chantiers du mur de la grande couronne, mais au-delà leurs excursions se limitent pour l’instant au strict nécessaire pour assurer leurs différentes missions. Alors certains habitants de la région s’essayent à reconstruire leur environnement, dans l’espoir qu’un jour, les choses reviendront peut-être à la normale. J’ai entendu parler de grandes exploitations remises en état depuis peu au sud de la Seine et Marne, et au nord du Val d’Oise. Quelques milices protègent ces secteurs clés et sécurisent les convois de marchandises pour alimenter le marché noir. Le groupe avec lequel je suis restée pendant quelques mois était l’une d’elle. Nous étions chargés de protéger une ferme et ses élevages et d’assurer la liaison avec les lignes des convois de marchandises. C’était une période assez étrange quand j’y repense. 

En fin d’après-midi, Nedj qui n’a cessé de bidouiller ses appareils depuis notre départ, nous annonce fièrement qu’il a sans doute trouvé de quoi nous déplacer plus vite. Sans nous donner la moindre explication sur la façon dont il s’y est pris, il nous informe que le rendez-vous a été fixé le lendemain à 15 heures dans une ville qui se trouve à soixante-dix kilomètres d’ici. 

- J’ai pas eu le choix, dit-il en levant les bras en l’air devant notre regard noir. 

Tim décide alors d’accélérer un peu la cadence car à ce rythme il est clair que nous n’y serons jamais. 

A la tombée de la nuit nous avons parcouru la moitié du chemin. Autant dire que je ne sens plus mes jambes. Le reste du groupe n’est pas en meilleure forme que moi non plus. Chacun s’étire et grogne dans son coin, maudissant Nedj de ne pas avoir su mieux négocier le lieu de rendez-vous. 

Ed finit par trouver un endroit à l’abri du vent et du froid pour dormir cette nuit. C’est avec soulagement que nous nous laissons glisser contre le mur ce cet ancien garage pour étendre nos jambes douloureuses. Camélia déniche un petit réchaud dans une armoire de l’arrière-boutique et fait chauffer un peu d’eau pour diluer un sachet qui lui donnera un goût de poulet et de pomme de terre. En cœur nos estomac gargouillent de faim en pensant au repas chaud qui nous attend : de l’eau chaude aromatisée ! On a rêvé plus consistant, mais faute de mieux ce sera suffisant. 

Après avoir mangé en silence, les garçons se regroupent autour de Jeremy qui sort un paquet de carte. Pour l’instant je n’ai pas envie de me mêler à eux. Toutes mes pensées sont tournées vers les miens en espérant qu’ils vont bien. 

Camélia et Tidji prennent le premier tour de garde à l’étage pour avoir une bonne vue sur la rue. Le silence règne à présent en maitre sur les environs ce qui me rend un peu morose. 

Le lendemain, nous partons à l’aube dans le silence le plus complet. Nous traversons plusieurs villages, et à chaque fois les habitants des lieux ferment les restants de portes et de volets sur notre passage. C’est vrai que nous sommes armés jusqu’aux dents, et je suppose qu’étant donné le climat actuel cela doit renforcer le sentiment d’insécurité de ces pauvres gens. C’est donc d’une humeur massacrante que nous atteignons le point de rendez-vous avec une heure et demie d’avance. Pour patienter, Jeremy sort à nouveau son jeu de tarot. Tidji, Nedj, Ed et Camélia s’empressent de le rejoindre. Certains pour prendre leur revanche, d’autres pour passer l’ennui. 

Je n’ai jamais été doué à ce jeu, et pourtant mon grand-père déployait beaucoup d’énergie pour que j’en comprenne toutes les subtilités, et ce, depuis mes six ans. Mais non, il n’y avait rien à faire. Les jeux de cartes ne m’ont jamais vraiment intéressée. La seule chose que j’aimais vraiment, c’était d’observer les joueurs de poker. Ce jeu basé entièrement sur le bluff m’intriguait beaucoup à l’époque. Au casino que possédait mon grand-père, il y avait un club de joueur de poker et j’y allais très souvent pour les regarder pendant des heures. Au bout de trois années d’observation j’étais capable de savoir qui mentait et qui disait la vérité. Aucune expression des visages des joueurs, qu’ils soient décontractés ou tendus ne m’échappaient. 

A l’âge de mes douze ans mon grand-père me fit appeler dans son petit bureau, tout en haut du casino. C’était une petite pièce avec de grandes baies vitrées, qui laissaient entrer la lumière à flot. Papi possédait un vieux bureau en bois d’époque, et un vieux sous-main en cuir vert l’ornait depuis toujours. Des photos de famille et du club de poker tapissaient les murs lambrissés. Alors que je m’installais dans le fauteuil confortable qui faisait face à son bureau, il m’apprit qu’il voulait que je l’aide à choisir les meilleurs joueurs de son club. Un grand tournoi international allait avoir lieu à Las Vegas dans quelques mois, et il avait l’objectif de décrocher le prix décerné pour cette occasion. « Une merveilleuse occasion de faire connaître notre casino », répétait-il tout au long de cette conversation. Bien entendu, j’étais fière que mon grand-père me confie cette tâche, et c’est avec ardeur que tous les soirs je passais au club pour l’aider à faire son choix. 

Six mois plus tard, Papi et son équipe embarquaient à bord du Queen Mary IV. Il m’appela cinq fois de Las Vegas pour me tenir au courant de l’avancée des joueurs que j’avais sélectionnés avec lui pour le tournoi. Après ce cinquième appel, je n’eus plus jamais aucunes nouvelles de lui. Il s’était tout simplement envolé. Aucun signe d’effraction dans sa chambre d’hôtel n’avait été relevé. Aucune trace de lutte. Ses affaires étaient soigneusement rangées et son plateau repas l’attendait dans le couloir. Mais pas de trace de Papi. Même si ses joueurs affirmaient être bien venus avec lui et l’avoir vu plusieurs fois, il n’apparaissait sur une vidéo de surveillance, le registre ne contenait pas son nom, aucune empreinte digitale ne fut retrouvée dans sa chambre, ni aucun ADN. Rien. Nada. Comme s’il n’avait jamais mis les pieds à Las Vegas. Sauf que la présence de ses affaires rangées et de sa valise sous le lit prouvait le contraire. Une enquête avait été ouverte par le FBI et un avis de recherche avait été lancé. Ma mère et mon père avaient fait plusieurs fois le voyage jusque là-bas, mais au bout d’un an, alors que rien n’avait évolué, les recherches cessèrent et l’affaire fut classée sans suite. Je ne sais même pas s’il était encore vivant au moment de la Rupture. Et si c’était le cas, a-t-il survécu ? 

Suite à sa disparition, ma mère reprit l’affaire de Papi, mais rapidement cela devint trop difficile pour elle, et elle finit par revendre le casino où son père avait passé toute sa vie. Peu de temps après les bombes explosèrent. Je ne crois pas qu’il reste grand-chose de cette vieille bâtisse de brique. Je n’ai pas eu l’occasion d’y retourné et je ne sais pas si j’en aurais le courage aujourd’hui encore. Parfois je me dis qu’il vaut mieux que je garde en mémoire les bons souvenirs liés à cet endroit.

J'ai décidé de poursuivre le récit comme ça car finalement il n'y a pas de changement fondamental. Quelques éléments historiques et quelques descriptions supplémentaires ainsi qu'un remaniement des dialogues. Cela devrait rester compréhensible, et après tout ce blog est un bac à sable, alors les pâtés ne sont pas forcément tous parfait.

J'ai encore du boulot pour savoir dessiner les mecs mais bon, je suis assez contente de ce premier essai (en même temps avec des réfs c'est plus facile vous me direz). Voici les différentes étapes qui m'on amené au résultat final :

1. Crayonné fait plus ou moins à l'arrache à partir de plusieurs photos de Falling Skies comme je le disais dans mon post précédent.



2. Line refaite sur toshop.


3. Correction de quelques erreurs d'anatomie (il en reste sûrement encore mais j'ai dû corriger le plus gros).


4. Rajout du fond et des textes.
Les derniers détails sont rajoutés ensuite pour la version finale que vous avez en haut du post.


[Edit : c'est mon 100ème post ici ! \o/]

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