lundi 10 septembre 2012

Destins croisés - Episode 6



Je retrouvai Erick affalé sur le canapé noir – le noir était décidément une couleur seyante –, il avait l’air soucieux. Il avait enfilé un pull et changé de pantalon. Je regardais autour de moi. Aucune trace du colosse que j’avais tué ; aucune trace de sang, aucune trace de lutte, était-ce donc un cauchemar ? Mais non, je n’avais pas rêvé, mon couteau de cuisine trônait sur la table basse, encore plein de sang. Erick se leva et s’approcha de moi. 

- Ça va ? demanda-t-il doucement. 

Je balbutiai. 

- Oui,… je crois. Mais… où est-il passé ? Qu'est-ce qu’il voulait ? Qui était-ce ? Que… 

Erick se leva et me prit par les épaules. 


- Je t’avais dis de ne pas t’en mêler. Voilà à quels risques tu t’exposes en m’aidant. Maintenant ils vont chercher à t’éliminer, tu t’es dressé comme un obstacle entre eux et moi, ils ne te laisseront pas tranquille. 

- Mais de qui parles-tu à la fin ? m’énervai-je. Qui te recherche ? En quoi t’aider met ma vie en danger ? Qui était cet homme ? Je… je l’ai tué, alors où est-il maintenant ? Il n’a pas pu disparaître ainsi ! 


Ma gorge se noua mais mes yeux restèrent désespérément secs. Je n’étais pas faible ! 

- Eléonaure ! 

Erick me sourit, et ce simple geste suffit à apaiser mon esprit torturé par l’acte morbide que j’avais exécuté avec tellement de rage et de sang froid en même temps que ç'en était effrayant. Ses doigts caressèrent ma joue avec douceur. Je me dégageai sans délicatesse et posai un index accusateur sur sa poitrine, en le regardant droit dans les yeux. 

- Qui es-tu à la fin ? Je n’ai rien trouvé d’intéressant dans ton dossier à l’agence, et je ne vais pas me contenter de ça, après ce que je viens de faire pour toi. Alors je t écoute. 

Je croisai les bras et pris un air déterminé pour lui montrer que je n’abandonnerai pas tant que je n’en saurais pas un peu plus. Erick de rassit sur le canapé et passa une main lasse sur ses yeux. Visiblement ce qu'il avait à me dire ne l’enchantait guère, mais je me fichai éperdument de ses états d’âme ; j’avais tué un homme de sang froid et j’estimai que j’avais le droit de savoir pourquoi. 

- Tu ne me croiras jamais et tu me prendras pour un fou. Oublie ça. 

- Hors de question. Tu me dois des explications et je les écouterai quoique tu dises. J’en jugerai après. 

Erick se pencha en avant et posa une main sur son bandage. 

- Comme tu veux. Après tout je n’ai rien à perdre dans l’affaire, et tu as déjà fait ton choix…Je viens d’un autre monde, d’un autre univers que le tien. Là d’où je viens, certaines personnes veulent ma mort et je me suis réfugié ici dans ton monde. C’est pour cela que tu n’as rien trouvé sur moi. Ici je n’ai pas de passé, pas de famille. 

- Arrête de me prendre pour une cruche. C’est un conte à dormir debout que tu me chantes là. 

- Je te l’avais dit. 

Un silence s’installa entre nous. Je dévisageai un peu plus Erick en me remémorant quelques détails. Deux ans plus tôt, il était arrivé fraîchement diplômé à l’agence, pour un entretien d’embauche. Enfin c’est ce qu’il avait prétendu en brandissant un bout de papier cartonné, signé et tamponné par le Haut Directoire. Il avait réussi l’entretien avec brio et on lui avait attribué le bureau voisin du mien. A cette époque j’étais également toute jeune à l’agence et le rythme des longues journées était éprouvant. J’avais alors pris l’habitude de démarrer la journée avec un café bien serré pour me maintenir éveillée jusqu'au déjeuné. La complicité avec mes collègues m’était quelque chose d’inconnu. Ils n’avaient pas fait un geste envers moi et de mon coté je n’avais pas non plus été très engageante. Un matin, quelques semaines après l’arrivée d'Erick, je trouvai un café posé sur le bord de mon bureau. Ce petit geste était devenu un rituel et j’avais appris à l’apprécier pour ce qu'il était. J’avais alors cru que mes rapports avec mon voisin de bureau se développeraient vers quelque chose qui ressemblerait à de l’amitié, mais non, il se contenta de son bonjour matinal et de quelques sourires dans la journée. J’avais respecté son silence et accepté son attitude. Plus d’une fois la curiosité m’avait piquée mais je n’avais jamais franchi le pas. Aujourd'hui plus qu'une occasion, c’était une nécessité de savoir qui il était, et j’allais bêtement passer à coté si je continuai à réagir ainsi.

La suite du récit et la suite du work in progress. J'ai commencé la colo, mais j'avoue que je m'empêtre un peu et je n'arrive pas au résultat que j'aimerai obtenir. Mais bon, comme d'habitude, j'essaye quand même, car ça ne coûte pas grand chose !

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