mercredi 5 septembre 2012

Destins croisés - Episode 5


Ce qui semblait être un homme vêtu d’une armure métallique menaçait mon collègue de travail avec une immense barre de métal qu’il tenait à deux mains. Elle brillait de mille feux. Cela me rappelait vaguement les épées qui illustraient les vieilles bandes dessinées. Il dominait Erick de deux têtes et ses mains gantées tenaient fermement la garde en argent de son arme. Ce qui devait être un heaume en fer blanc surmonté de plume rouge, cachait son visage et son cou. Néanmoins une longue natte tressée en sortait et se balançait dans son dos. Mais comment n’avais-je pas pu l’entendre entrer ? 

- Hey ! Qu’est-ce que vous faites chez moi ? 

Je n’aurais pas trouvé mieux si j’avais voulu paraître aussi idiote que j’en avais l’air, campée sur mes jambes devant le salon, avec mon grand couteau de cuisine dans une main. Le géant se retourna et me regarda quelques instants avant d’éclater d’un énorme rire gras. Oui, décidément j’étais vraiment une imbécile, et le regard que me lança Erick me confirma la chose. Et dans ces cas-là, autant l’être jusqu'au bout. 

- Je ne sais pas qui vous êtes, et ce que vous voulez, mais je vous prierai de bien vouloir sortir de chez moi, dis-je en pointant la porte du doigt. 

Le colosse en armure, qui menaçait toujours Erick de son épée disproportionnée, s’esclaffa de nouveau. 

- Elle me prie de sortir de chez elle ! Haha ! La bonne blague ! Tu n’as donc pas trouvé mieux pour te défendre qu'une misérable femme tout juste bonne au fourneau ? Non, Eryck tu me déçois cette fois, j’attendais mieux de ta part que ça ! dit-il en me désignant de la tête. 
- Hey ! Ici c’est chez moi, et votre place est dehors ! 

Je ne sus jamais ce qui me passa par la tête à ce moment-là ; je m’avançai d’un pas décidé pour le tirer par le bras en direction de la sortie. 

- Tu es vraiment pathétique Eryck ! 

Le géant souleva son énorme bras et me décocha un formidable revers de main qui m’envoya à l’autre bout de la pièce. Ma tête tapa contre le mur et je fus prise de haut le cœur en tentant de me relever. Le choc résonnait dans tous mes os et mon crâne semblait sur le point d’éclater. 

Erick et l’intrus m’avaient déjà oubliée, me laissant à mes nausées et mes douleurs. Je pris appui contre le mur et tentai une nouvelle fois de me relever. Je tenais à peine sur mes jambes mais ce fût suffisant pour récupérer le couteau qui avait glissé au sol à quelques centimètres de moi. Je vis vaguement Erick lever ses deux mains devant lui tandis que le géant abattait sa lourde épée sur sa tête. Il aurait dû mourir, oui c’est ce qui aurait dû se passer… normalement…, mais non ce n’est pas ce qui se passa. Contre toute attente, l’épée resta figée dans les airs, et le colosse semblait être à la lutte pour exécuter son coup. J’évaluai la situation rapidement et froidement. Sautant probablement sur la seule ouverture qu’il me laisserait, je bondis sur son dos et abattis le couteau à maintes reprises entre son armure et son heaume ; le seul endroit où il était vulnérable. Des gargouillis s’échappèrent de sa gorge et une gerbe de sang gicla dans ma direction. Le colosse battit vainement des bras dans le vide puis s’écroula à mes pieds… mort. 

Je regardai Erick, il avait l’air d’aller bien si on oubliait sa blessure au ventre, dont le bandage avait pris une couleur rougeâtre. Je regardai l’énorme masse étendue à mes pieds, une marre de sang grandissait sous l’homme au heaume. Je regardai mon couteau, plein de sang qui gouttait au sol. Mon regard allait de l’un à l’autre. Était-ce un rêve ? Comprenant soudainement ce que je venais de faire je lâchai prestement mon arme de fortune et regardai mes mains tachées de sang elles aussi. Je tirai sur ma chemise blanche, elle était également tâchée de sang. Bon Dieu qui n’existe pas, était-ce un cauchemar ? Je portai une main à la bouche et prise de violente nausée je courus au toilette. Mon estomac se vida de tout son maigre contenu. Les veines battaient sourdement à mes tempes, les yeux me piquaient, et mes mains tremblaient sur le bord de la cuvette. Les souvenirs remontèrent à la surface avec une violence inouïe. Je vomis une dernière fois, puis mon estomac, une fois assuré d’être réellement vide, me laissa en paix. 

Je gagnai la salle de bain et me rinçai la bouche ; du sang constellait mon visage et mes cheveux. Toute abasourdie, la réalité semblait être difforme. En détachant les boutons de ma chemise j’eus l’impression d’être dans le corps d’une autre femme, et d’assister passivement à ses gestes. Cette femme hystérique se frotta énergiquement les cheveux pour enlever les traces immondes de la violence qui avait eu lieu. Elle se déplaça mécaniquement jusqu'à sa chambre et enfila un T-shirt à manche longue noir. Oui, le noir c’est une couleur seyante. Elle inspira un grand coup et sembla me happer dans les méandres de son esprit, nos âmes se mêlèrent et je ne fis plus qu'une avec elle. J’étais de nouveau elle, elle était de nouveau moi, j’étais de nouveau moi. Les souvenirs se dissipèrent peu à peu. Cette fois, je devrais bien affronter la réalité de mes actes. Ce ne serait pas sans conséquence, car je n’aurais pas d’issue de secours. Même avec l’avocat le plus pourri de la Cité, traînant dans les meilleures magouilles et étant dans les petits papiers des juges, j’étais bonne pour la zone de stockage définitif. Car Damien ne viendrait pas à mon secours cette fois.

Le work in progress ne correspond pas vraiment à l'épisode, mais c'est tout ce que j'ai à montrer en ce moment !

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