samedi 7 janvier 2012

Clezo



« Janua encourageait à perdre haleine la meute de son père. Comme à chaque fois qu’il partait pour la ville voisine, la jeune fille en profitait pour emmener la meute à la chasse et vivre un moment épique. Elle excitait les chiens, hurlait, et courait comme une folle dans les bois après le gibier. Ces instants de liberté lui procuraient la même sensation qu’une bonne cuite à la taverne du coin, les effets indésirables en moins.

Du coin de l’œil elle repéra un éclair brun dans les fourrés.

- Je t’ai vu ! cria-t-elle. Tu ne m’échapperas pas !

Elle siffla ses chiens et s’engagea à la poursuite de la biche qui détalait à toute vitesse. Ses pieds foulèrent le sol avec rapidité et légèreté si bien qu’elle resta dans les traces de l’animal pendant quelques minutes. Puis la réalité la rattrapa et Janua s’arrêta sur un tronc d’arbre couché, le souffle court. Qu’elle aurait aimé avoir la même force et la même endurance ! Les chiens passèrent devant elle à toute vitesse et suivirent la piste de la biche. Quelques minutes plus tard, des aboiements au loin lui indiquèrent qu’ils avaient retrouvé l’animal. Janua se remit à courir espérant que les chiens rabattraient l’animal dans sa direction. Tout en courant la jeune fille dégagea son arc et sortit une flèche. Elle n’aurait probablement qu’une seule chance.

Sur sa gauche les aboiements des chiens se changèrent soudain en couinements insupportables. Janua ralentit, tous les sens en alerte. Les hurlements de mort s’arrêtèrent et un lourd silence s’installa dans les sous-bois. Un bruissement fit faire volte-face à la jeune fille. Rien. Puis soudain un autre chien hurla comme s’il se faisait déchiqueter.

Le cœur battant Janua partit à toute jambe à l’opposé. Elle n’avait aucune idée de ce qui arrivait à ses chiens, et elle n’avait pas vraiment envie de le découvrir. Dans son dos, un troisième chien poussa des glapissements agonisants, troublant l’étrange silence de la faune et la flore. Paniquée Janua accéléra le rythme, mais elle savait qu’elle ne pourrait pas tenir longtemps.
Un bruit de course lui parvint, lui indiquant que la chose la prenait maintenant en chasse.

- Merde, siffla-t-elle pour se donner du courage.

Quelque chose passa tout près d’elle, électrifiant ses cheveux. La jeune fille tourna sur la droite, en direction de la falaise qu’elle apercevait entre les arbres au loin.

A bout de force elle dû s’arrêter près d’un arbre et mettre un genou à terre. La falaise était à une centaine de mètres, mais elle ne pouvait plus respirer.

- Tu m’appartiendras, déclara une voix féminine avec détermination.

Juana sursauta et se retourna. Une magnifique femme blonde la dévisageait, les bras croisés sur une poitrine généreuse. Elle portait une robe rouge écarlate avec des motifs enflammés brodés au fil d’or. Une tenue pas vraiment appropriée pour se promener dans les bois.

- Pardon ? haleta Juana.
- Si je t’aide à fuir cette chose. Tu m’appartiendras.

Ce n’était ni une question, ni une supposition. C’était un ordre.

- Vous êtes capable de m’aider ?
- Je suis capable de beaucoup de chose jeune fille. Mais toi de quoi es-tu capable ?

Le regard de Juana s’enflamma à cette question. Pour qui se prenait cette étrangère venue de nulle part ? La jeune fille voulu reprendre sa course, mais en se relevant la tête lui tourna. Derrière elle les fourrés s’agitèrent. La panique reprenant le dessus, Juana se tourna vers la jeune femme et s’agrippa à sa robe.

- Je suis capable de tout, mais sortez-moi de là !
- Comme tu voudras. Ma seule condition, c’est qu’au moment venu tu ne devras pas t’arrêter. Ta seule issue sera d’aller jusqu’au bout.

Juana ne comprenait pas ce qu’elle disait mais elle acquiesça. Alors la femme en rouge se baissa vers la jeune fille et lui posa un doigt sur le front.

- Ne t’arrête surtout pas, et le monde n’aura plus de limite pour toi.

Juana se sentit aussitôt revigorée et reprit sa course, abandonnant la femme derrière elle. La chose la reprit en chasse, et la jeune fille accéléra à nouveau. Sans effort. La falaise se rapprochait à toute vitesse, et la chose aussi. Alors qu’elle courait toujours pour échapper à la mort Juana comprit soudain qui était la femme venue de nulle part. Un sourire carnassier aux lèvres elle s’élança avec ivresse au-dessus du rebord de la falaise en fermant les yeux.

Quand elle les rouvrit la femme en rouge se tenait devant elle, les bras croisés, au-dessus du vide.

- Clezo… souffla Juana.
- Je sens qu’on va bien s’entendre toutes les deux ! s’exclama cette dernière alors que ses prunelles s’enflammèrent.

Clezo sourit de toutes ses dents et fit souffler une tempête en contrebas pour repousser la chose au plus profond de la forêt. La Déesse du feu et du vent était satisfaite de sa journée, elle venait enfin de trouver sa première Valkea : Juana den Valkea. »

Récit des divinités Tezone, Acte I, An 522

Voici donc Clezo, la Déesse du Feu et du Vent. Impétueuse et fougueuse, elle accorde courage, force et ténacité à ceux qui n'ont peur de rien. Souvent représenter au côté de Brackaz, ensemble, ils forment un couple de dieu qui se moque parfois des conséquences de leurs actes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire