lundi 19 décembre 2011

Passion


"Les passions sont les vents qui enflent les voiles du navire ; elles le submergent quelquefois, mais sans elles il ne pourrait voguer."

Voltaire

Passion qui vient du latin "passio", lui-même issu du verbe "patior" signifiant : supporter, souffrir, endurer. La passion une souffrance que l'on endure pour le plaisir qu'elle apporte ? L'Homme et ses contradictions...

samedi 17 décembre 2011

Fray - Genèse


Elle tripotait nerveusement le dossier qu’elle tenait sur ses genoux depuis un bon quart d’heure. Il était encore temps de faire machine arrière, elle le savait. Ce qu’elle tenait dans les mains lui avait demandé beaucoup de sacrifices, et la lâcheté ne faisait pas partie de ses projets d’avenir. Les enjeux étaient bien trop importants, et elle était allée trop loin pour reculer maintenant.

La femme qui se tenait derrière le comptoir d’accueil lui adressa un sourire qui se voulait compatissant. Elle ne le remarqua presque pas, tourmentée par des questions sans réponses. Des réponses qu’elle espérait obtenir ici.

Une porte s’ouvrit de l’autre coté de la salle d’attente. Quand elle le vit s’approcher de l’accueil, elle su qu’elle avait fait le bon choix. L’homme était grand et plutôt athlétique. Ses cheveux bruns épais et en pagaille contrastaient avec son costume de travail tiré à quatre épingles. Il discuta quelques minutes avec la secrétaire avant de lui tendre un dossier en lui précisant qu’il était urgent d’agir. Quand il se tourna vers elle, elle fut surprise de voir qu’il était beaucoup plus jeune que ce qu’elle avait imaginé.

- Naïla Bazain ? demanda-t-il en s’approchant d’elle. 
- Elle même, répondit Naïla en tendant la main. 
- Je suis l’agent Jonathan Trey. (La poignée de main était franche). Veuillez me suivre, je vous prie.

En entrant dans son bureau, elle esquissa un sourire amusé à la vue du joyeux bazar qui y régnait. Le contraste avec l’ordre qui semblait régner sur le reste des locaux était étonnant. Une baie vitrée couvrait un pan entier de la pièce donnant sur les jardins intérieurs du building. Ce coté était plutôt préservé du chaos, mais le reste du bureau était encombré de dossiers s’entassant les uns sur les autres, de cartons remplis de pièces à convictions encore sous scellés, de plans et de cartes en tout genre.

- Je vous écoute, dit-il alors qu’il invitait Naïla à s’installer. 
- J’ai cru comprendre que vous étiez quelqu’un à qui l’on pouvait confier des affaires... gênantes. Est-ce que je peux me fier à ces rumeurs ? 
- C’est une entrée en matière... directe, répondit-il sourire en coin. Qu’entendez-vous exactement par gênantes ? 
Naïla décida de jouer cartes sur table. Elle n’avait plus rien à perdre : 
- Cela concerne une affaire qui pourrait entrainer la condamnation d’Akiko Kurona ainsi que d’une partie des têtes dirigeantes du groupe CronaLabs.

Jonathan leva un sourcil interrogateur. Voilà une façon bien curieuse de débuter un entretien. Elle avait prononcé cette phrase d’un bloc et le rouge lui était monté aux joues comme si elle avait couru le marathon. Il savait très bien qui était Akiko Kurona. Comment pouvait-elle détenir des informations aussi compromettantes sur le PDG de CronaLabs ? Elle paraissait bien jeune et candide pour être mêlée à des affaires louches. Mais Jonathan savait qu’il fallait se méfier des apparences. Son expérience au sein de Cornesson Consulting le lui avait appris.

Il avait eu le temps de se renseigner un peu sur Naïla Bazain. Née en France, à Clamart dans les Hauts-de-Seine, elle n’y avait vécu que jusqu’à l’âge de deux ans. Son père, Gabriel Bazain, était chercheur neurologue au CNRS, et sa mère assistante de l’un des meilleurs chirurgiens français en neurologie. En effet, Gabriel Bazain s’était vu proposé un poste dans un laboratoire américain indépendant de recherches en neurologie renommé aux États-Unis. Mais avant d’accepter, il avait réussi à négocier un emploi pour son épouse. Si sa mémoire était bonne, c’était en 2004 et il s’agissait du laboratoire XNanotech situé à Austin au Texas. Naïla avait donc passé une partie de son enfance là-bas. Jusqu’à ce que le laboratoire américain décide de licencier, pour des raisons budgétaires, le couple Bazain après dix années de bons et loyaux services. Un an et demi plus tard, BioNa, une filiale japonaise de CronaLabs, implantée en Afrique du Sud et spécialisée dans la nanotechnologie, recruta les Bazain dans le cadre de son expansion. Sur cette période, Jonathan n’a trouvé que peu d’informations relatives à Naïla. Le complexe du laboratoire japonais étant situé dans une réserve naturelle à la frontière du Mozambique, il était difficile pour les enfants de suivre un programme scolaire normal. BioNa avait soumis au gouvernement d’Afrique du Sud un projet éducatif pour assurer l’éducation aux enfants des salariés qui vivaient dans ce complexe. Naïla avait donc bénéficié de ce programme jusqu’à ses dix-huit ans. Il savait également qu’en février 2021, c’est à dire il y a un peu plus d’un an, Elyse et Gabriel avaient péri dans les locaux de BioNa lors d’une expérience qui s’était mal déroulée. Trois autres personnes de l’équipe avaient trouvé la mort dans cet accident ce jour-là. Voilà tout ce qu’il avait appris au sujet de la jeune femme qui se trouvait de l’autre coté de son bureau.

- Je vous avouerai que vous me prenez un peu de court. Si je m’en tiens à votre demande officielle..., poursuivit-il en ouvrant le dossier qui se trouvait sur son bureau, il s’agit d’un cas de conflit de voisinage. 
- Pourquoi m’avoir fait déplacer jusqu’à New York, au siège social de Cornesson Consulting dans ce cas ? Vous auriez pu déléguer cette affaire à la cellule présente en Afrique du Sud. 
- Bien sûr. J’aurais pu le faire. Mais j’avais envie de connaître les vraies raisons qui vous ont poussé à faire appel à mes services. 
- Que voulez-vous dire ? 
- Il y a beaucoup de zone d’ombre dans votre vie et celle de vos parents. Et un conflit de voisinage dans la réserve naturelle de Nmudo aurait été réglé par BioNa avec l’aide des autorités locales en trouvant un arrangement à l’amiable, surtout s’il impliquait une de ses employés. Voyez-vous Cornesson Consulting a réglé pas mal de contentieux pour le compte de CronaLabs, et je sais que le groupe aurait tout fait pour résoudre soi-même ce genre d’affaire. Mais tous les dossiers qui atterrissent sur mon bureau sont traités de la même façon. Et je vous avoue que je suis curieux d’entendre vos vraies raisons de faire appel à moi. Je sais lire entre les lignes quand il le faut.

Naïla s’enfonça dans son siège pour réfléchir. L’agent Trey semblait être bien renseigné sur elle et son passé. Elle devait savoir si elle pouvait lui faire confiance. Les rumeurs qu’elle avait récoltées sur lui à travers ses réseaux étaient-elles véridiques, ou était-il mouillé d’une façon ou d’une autre dans des trafics d’influences ? Il venait de lui avouer à demi-mot que Cornesson Consulting, agence internationale de gestion de conflit créée il y a quelques années par Jérémy Cornesson, était très liée à CronaLabs. La démarche qu’elle entreprenait vis à vis du groupe japonais n’avait rien d’amicale, et elle devait être sûre qu’il ne lui planterait pas un couteau dans le dos pour préserver les bonnes relations de son agence avec CronaLabs.

[...]

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Maintenant que la V2 du site officiel de Fray est sorti, présentant ainsi le gameplay et l'univers du jeu, je peux enfin vous partager Genèse, l'une des trois nouvelles écrites autour du background du jeu.

Bonne lecture !