mardi 7 septembre 2010

Lueur d'espoir - Episode 7

Je me passe les mains dans les cheveux. Ils sont encore humides le long de ma nuque. La fatigue de ces derniers jours me rattrape. Aujourd’hui je suis lasse de cette vie. Je soupire et jette un œil en direction de Camélia. La jeune femme s’est redressée sur la paillasse. Elle me regarde curieusement.

- Comment tu t’appelles ? demande-t-elle doucement pour ne pas être entendue de Tim.
- Xalyah… Comment te sens-tu ?
- Bien… enfin mieux ! Merci.
- Je t’en pris. J’ose espérer que tu en aurais fait autant à ma place.

Elle lève un sourcil perplexe. Je ne sais pas comment je dois prendre cette réaction. Khenzo qui était allé chercher quelque chose de l’autre coté du hangar revient vers nous et s’agenouille devant.

- Tu veux un peu de café ?
- Je veux bien.

Il me tend une timbale en fer remplie d’un liquide noir bouillant. Après m’avoir servi il fait le tour de ses compagnons. Il finit par Tim qui boude toujours dans son coin puis vient s'asseoir à coté de moi.

- J’espère que tu ne lui en tiendras pas trop rigueur. Il a été un peu brutal, mais je crois que la blessure de Camélia l'a plus secoué qu’il ne voudra l’avouer.
- Il n'y a pas de mal...

Le silence retombe entre nous. Deux personnes se lèvent près du feu et sortent du hangar par une porte dérobée sur le coté. Je suppose qu’ils vont entamer leur quart pour surveiller la zone. Le calme apparent et le crépitement des flammes contre les parois rouillées du baril me rappellent des temps meilleurs. Je ferme les yeux quelques instants. Khenzo ne semble pas vouloir bouger à coté de moi.

- J’aurais une question…
- Oui ?
- Que faites-vous ici ?

Je tourne la tête pour le regarder. Même si je lui donne tout juste la vingtaine, il a les traits d’un homme mature qui a vécu beaucoup de chose et qui pèse ses mos et ses actes. Je le sens un peu sur ses gardes suite à ma question. Il souffle sur les mèches qui lui balayent le front.

- Nous « campons », si je puis dire, pour aujourd’hui.
- Non, je veux dire ; que faites-vous dans cette ville tous les quinze ? Répond-moi franchement.
- Et bien...

Il jette un coup d'œil à Tim. Je sens qu’il hésite à me répondre.

- Ça ne va pas lui plaire mais tant pis. En fait nous sommes ici en patrouille. Nous... il y a une petite cité souterraine dans le coin et nous veillons à sa sécurité.
- Une cité souterraine ? Ici ?

La flamme de l’espoir se ravive au fond de moi. Peut-être…

- Oui, les survivants de la ville ont trouvé refuge dans les égouts il y a près d’un an maintenant, continue Khenzo qui ne s’est pas aperçu de mon trouble. Ils les ont aménagés pour pouvoir y vivre. C’est plus confortable que certains endroits où je suis passé.
- Comment ont-ils fait pour échapper aux patrouilles du PPNG ? Nous sommes presque en territoire conquis par Macrélois ici.
- Disons qu’ils ont trouvé un système de protection qui s’est avéré efficace jusqu’à présent.

Mais je ne me fais pas d’illusions. Tôt ou tard ils devront soit se soumettre, soit partir.
C’est tellement fataliste comme raisonnement. Mais tellement vrai également. En territoire conquis il n’y a pas trente six solutions. Khenzo vient d’en citer deux d’entre elles. La troisième et dernière consiste à mourir. Tellement fataliste…

- Et toi d’où viens-tu alors ?
- Moi ? Khenzo me regarde avec un sourire que je ne sais interpréter. Après la chute de Paris et la nuit de la Folie, je me suis retrouvé seul. J’ai pas mal erré dans la région, et il y a presque neuf mois, j'ai rencontré Tim et son groupe. Depuis on voyage ensemble. Après avoir parcouru pas mal de villes nous avons atterrit ici. Cela fait deux mois que nous assurons la sécurité de la cité. En échange on a un endroit où dormir quand on ne patrouille pas. Mais je pense que nous allons partir d'ici peu… Je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça, rajoute-t-il après un long silence.

J'assimile ce qu'il vient de me dire tout en le dévisageant. Il est plutôt grand, un mètre quatre-vingt-dix je dirais, brun, les cheveux en bataille, de grands yeux noisette, et une barbe de deux jours sur les joues. Ses traits sont tirés et à mon avis cela doit faire longtemps qu'il n'a pas dormi une nuit entière. Les temps sont vraiment durs.

- Tu as perdu ta famille pendant la nuit de la Folie ?
- Non… Je ne l'ai jamais connue. J'ai été élevé à la DASS. En un sens je n'ai rien perdu et tout gagné dans cette guerre. Elle m'a donné la chance d'avoir une figure paternel à mes cotés.
- Tu parles de Tim ?
- Oui. Il est rustre et parfois grossier, mais c’est quelqu’un de bien. A vrai dire je lui dois encore beaucoup.

J’observe les compagnons de mon interlocuteur. Même s’ils sont en apparence détendus je les sens méfiants à mon égard et je les comprends ; ils n’ont aucune garantie sur mes intentions si ce n’est ma parole et celle de Khenzo qui a décidé de me croire. Je dois dire que c’est peu. Je ne peux pas en vouloir à Tim de ne pas pouvoir m’encadrer. Je ne peux pas leur en vouloir de se méfier plus que nécessaire. La prudence n’est jamais de trop.
L’homme assis à mes cotés est retourné dans son mutisme. Il fixe le sol entre ses pieds perdu dans ses pensées. Il dégage une aura agréable. Il n’est pas comme tous ces hommes que j’ai croisés. Arrogants, fiers, méprisants. Non. C’est plutôt une force calme qui se tient à quelques centimètres de moi.
Camélia s’est assoupi, tenant le bras de son épaule blessée serré contre elle. Comme tous les autres elle porte des vêtements usés ou déchirés. La seule chose qui les distingue un peu des civils que j’ai pu croiser jusqu’à maintenant ce sont de petites épaulettes en cuir et en fer maintenus par des sangles qu’ils portent tous. Malheureusement pour la jeune femme, la balle a trouvé une trajectoire évitant l’épaulette pour aller se loger à coté du passage de la sangle. Ils sont également tous armés jusqu’aux dents. Même si aujourd’hui tout le monde porte au moins une arme à sa ceinture, eux sont mieux armés que la plupart de la population survivante. Je comprends mieux pourquoi maintenant.
Le plus jeune du groupe se lève et vient s’asseoir quelques mètres plus loin en face de moi. Khenzo m'apprend qu'il s'appelle Geremy. Il doit avoir une quinzaine d’année à tout casser. Il a tout de l’ado en pleine croissance.

- Alors comme ça tu as sauvé Khenzo en tuant huit soldats du PPNG ?

Je jette un regard interrogateur à mon voisin. Il me fait un sourire contrit en guise de toute réponse.

- Oui. Pourquoi ?
- Il parait que tu les as descendu en moins d'une minute... ce devait être grandiose, ajoute-t-il en mimant théâtralement les tirs avec sa main.

Je suis choquée qu'un gamin de son âge parle ainsi de la mort de plusieurs hommes, même si c'étaient ses ennemis.

- C'est exact. Mais sois plus respectueux envers les morts. Cela n'a rien d’extraordinaire de tuer ou d'être tué.

Geremy fait la moue et se passe une main dans ses cheveux blonds comme les blés pour les ébouriffer.

- As-tu déjà pointé une arme sur quelqu'un ?
- Heu... non.
- Alors débrouille-toi pour le faire le plus tard possible.
- Et tu devrais l’écouter ! ajoute Khenzo d’un ton sévère.

Le gamin croise les bras sur sa poitrine et fait mine de bouder. Décidément je vais finir par croire que c’est la mode dans ce groupe ce genre d’attitude.

- Et toi que fais-tu ici ?

Je jette un œil à mon voisin.

- Je poursuis ma route.

Ma réponse évasive ne lui suffit pas.

- Où mène-t-elle ta route ?

Je soupire. C’est un sujet que je n’ai pas forcément envie d’aborder. Pourtant je vais le faire. Je dois bien ça à l’homme qui a donné sa bénédiction pour que je reste ici. Question de principes… Oui ça existe encore les principes. Du moins pour moi.

- Nantes.
- Nantes ?
- Oui, je suis la trace de quelques personnes. Et d’après ce que j’en sais aux dernières nouvelles elles se dirigent vers Nantes. D'ailleurs vous n'auriez pas croisé, il y a quelques jours, un groupe de civils qui cherchaient à fuir la région parisienne ?
- Des civils qui fuient la région on en a croisé un paquet. Tu cherches qui exactement ?
- Ma famille…

Je me mets à rêvasser. Le sourire de ma mère, la bienveillance de mon père, l'insouciance de mon petit frère, hantent mes pensées. Ils me manquent tellement. Les choses n’auraient pas dû se passer comme ça. D’ailleurs rien n’auraient dû se passer comme ça, à compter de la nuit de la Folie. Khenzo me parle mais je ne l'écoute pas.

- Tu disais ?
- Quelqu'un pourra sûrement t'aider. D’après ce que je sais il est au courant de tous les mouvements qui ont lieu dans ce secteur. Donc si ta famille est passée par là il sera au courant.
- Où puis-je trouver cette personne ?
- Comme ça ? Aucune idée. Je ne l’ai jamais vu. Mais je connais quelqu’un qui pourrait te mettre en contact avec lui si tu veux.
- Pourquoi ferais-tu ça pour moi ?

Je me méfie. J'ai déjà eu à faire à ce type de situation. Ils sont gentils, prévenants, t'offrent leur amitié, et une fois que tu leur tournes le dos, ils te poignardent. J’espère me tromper pour une fois, mais on n’est jamais trop prudent.

- Je te dois sûrement la vie, et tu nous as aidés à prendre soin de Camélia. Cela fait deux bonnes raisons de te donner un coup de main, tu ne crois pas ?

Un point pour lui, je ne trouve rien à répondre. Et après tout, si je peux obtenir quelques informations, je n'ai rien à perdre et tout à gagner.

Enfin la suite des aventures de notre très chère Xalyah ! En prime voici un petit speedouille fait à l'arrache il y a quelques temps qui présente la bouille générale des soldats basiques de l'armée du Parti Politique de la Nouvelle Génération.
Suite au formatage raté de mon disque dur je vais devoir reprendre à zéro les boulots sur lesquels j'étais en train de bosser, du coup pour les illustrations je fais un peu du recyclé, j'espère que vous ne m'en voudrez pas !

5 commentaires:

  1. Reuh si j'ose dire!
    Comme tu peux le voir, étant curieux, j'ai moi aussi pris le temps de passer sur ton blog. Je crois voir que tu écris une histoire illustrée, je n'ai pas tout a fait lu (ça m'a l'air long, et mes yeux n'aiment pas trop le texte sur écran ^^") MAIS, j'ai regardé une grande majorité de tes travaux: Je vois que tu as un bon potentiel. Tu as le soucis du détail, de la technique, et des proportions. Tes dessins sont propres, donc j'en conclu que tu as une certaine patience qui va avec le reste, et c'est un très bon point. Maintenant, j'ai aussi vu que la grande majorité de tes dessins étaient des femmes, plus ou moins armées et guerrières: je pense, vu la quantité de posts que je vois, que tu en as fait le tour ^^', et peut être devrais-tu commencer à entamer un autre sujet pour tes dessins (même si j'aime beaucoup ta version de TeamF2 ^^). Je pense que tu as fait de ce sujet-ci un acquis, et le problème avec les acquis, c'est qu'on prend rarement le risque de les mettre de coté. Donc, sans forcement t'éloigner de ton univers, te forcer à représenter autre-chose, voir même poster des croquis d'observation (le meilleur exercice du monde), tester d'autres outils etc...
    ENFIN, toujours est-il que tu as un très bon potentiel, bien entamé, mais comme tu me l'as si bien dis, tu as encore de la marge je pense! (et là aussi qu'est ce que ça donnera alors!) Donc continu, n'ai pas peur du résultat, et dessine dessine dessine...
    Tu as tout mon soutien!
    Amicalement,
    Moi

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  2. Hey, hey !
    Bienvenue à toi ici !

    Je te remercie d'avoir pris le temps de venir jeter un œil ici, et de me laisser un si long commentaire.
    Tu as très bien analysé la nature de mon travail, même si je considère ne pas en avoir encore fait le tour. J'ai toujours des soucis d'anatomie, de visage et de mains. J'espère faire encore mieux dans ce domaine !

    Mais tu as parfaitement raison, il faut que je m'ouvre davantage à d'autres types/sujets de dessin. Jusqu'à présent j'avais été un peu beaucoup bridé (en partie par moi-même) sur ce que j'avais réellement envie de faire, et du coup cette année, fiou, ce fût l'année de la libération, et je n'ai vraiment fait que ce qu'il me plaisait.
    Maintenant je dois m'attaquer à ce qui m'effraie le plus : les paysages, les natures mortes, enfin tout ces trucs où on m'a toujours dit que j'étais nulle ^^'

    En tout cas je te remercie de ton soutient, ça ne peut que m'encourager à continuer, et à progresser ! Comme tu le dis bien, j'ai encore de la marge (tout comme toi cela va sans dire ^^) et j'espère vraiment m'améliorer par la suite.

    De mon coté je vais garder un œil sur ton blog et le mettre dans mes liens. Je trouve ça motivant de voir le talent des autres évoluer. C'est ce qui me donne souvent de l'inspiration et me regonfle à bloc quand la démotivation pointe le bout de son nez !

    A très bientôt !
    Lysiah

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  3. Ah! C'est avec plaisir si en plus ça te motive pour avancer ^^ Et c'est très gentil de ta part de m'ajouter en lien, je vais d'ailleurs te retourner l'attention, c'est quelque chose que je fais habituellement avec les personnes sympathiques du domaine ^^ Je me suis aussi permis de devenir membre de ton blog :) je sais pas si tu sais comment ça fonctionne, mais en gros ça me permet d'être à jour sur tous les blogs dont je suis membres. Les nouveaux articles s'affichent dans le profil, c'est le gros avantage de blogspot :D
    Je te dis à bientôt alors! Au prochain post ^^

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  4. Hello Lyly,

    Lu et approuvé !
    On commence à apprendre un peu de choses sur Xyliah c'est sympa. (Mais.. j'espère que tu vas tout de même garder un peu de mystère.. ! ;))

    Bon courage pour tes illustrations et le plantage de ton DD.. >.<

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  5. Tout dépend ce que tu entends par "mystère". Parce que forcément, plus on avance, plus en apprend sur les uns et les autres :)

    Merci en tout cas ! ^^

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