mercredi 26 mai 2010

A monde exotique, une vie héroïque !

Et si Lysiah était une héroïne ?
Et si Lysiah était quelqu'un d'important ?
Et si Lysiah avait des super pouvoirs de la mort ?
Et si Lysiah avait une tâche à accomplir de la plus haute importance ?


Et si Lysiah ... ?


Non. Lysiah n'est pas une héroïne. Pas plus que madame tout le monde.
Non. Lysiah n'est pas importante. Pas plus qu'un grain de sable dans l'immense sablier qu'est le temps.
Non. Lysiah n'a pas de super pouvoirs de la mort. Juste le pouvoir d'être là.
Non. Lysiah n'a pas de tâche suprême à accomplir. Juste la tâche de survivre.


Alors quoi ?


Dans le monde réel, certes il n'y a pas d'héroïne, il n'y a pas de personne importante, il n'y a pas de super pouvoirs, il n'y a pas de tâche à accomplir.
Mais dans l'autre monde... dans l'autre monde tout est permis.


A l'heure actuelle Lysiah est l'héroïne du quotidien qui vaincra le lessivage à coups de superbes éponges magiques, qui vaincra la peinture à coups de pinceaux enchantés, qui vaincra le boulot à coups de vitamines surpuissantes, qui vaincra les cours à coups d'énergie débordante, qui vaincra les projets personnels à coups de force herculéenne, qui vaincra la foule en délire des transports en communs à coups de coude vigoureux.


Quel monde exotique ! Quelle vie parallèle héroïque !

dimanche 16 mai 2010

A deux...



Alors qu’il contemplait le charnier que les ombres du crépuscule envahissaient, une silhouette se détacha de cette masse de chair et de sang. Une silhouette féline et svelte dont la démarche souple et lente trahissait une grande fatigue.
Une certitude lui perça le cœur et l’âme avec la même évidence que le vent caressait la maigre végétation alentour. Il ne serait plus jamais seul. Ils ne seraient plus seuls.
A mesure qu’elle gravissait la colline, il distinguait plus nettement ces traits. Aussi couverte de sang que lui, la femme ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Alors qu’elle arrivait au sommet il lui tendit une main gantée pour l’aider à monter sur la pierre plate.
Pas un mot ne fut échangé. Pas un regard ne fut accordé. Seul le silence de la mort les enveloppait dans un linceul qui finirait par les étouffer tôt ou tard.
Ils le savaient.
Aucune issue ne s’offrait devant eux. Aucun retour en arrière ne leur serait proposé. Seuls ils porteraient le poids des années d’ingérence de la noblesse. Seuls ils porteraient la déchéance du Grand Oracle. Seuls ils avaient la tâche d’inverser le cours des choses.
Les ténèbres tombèrent enfin sur la plaine. L’Ennemi se repliait pour reprendre des forces et préparer la prochaine bataille. Il se délectait à l’avance de la Terreur et de la Violence qu’Il déchainerait à travers tout le Royaume. Il avait attendu tellement longtemps et voici que la brèche avait été ouverte par un vieux fou.
Ils savaient que c’était sans espoir. Ils savaient que c’était un affrontement perdu d’avance. Mais ils n’avaient pas le choix. La dernière tâche qu’ils devaient accomplir avant de quitter ce monde était de le préserver du Chaos.

L’homme qui se tenait à ses cotés se détourna de la plaine pour regarder en direction du Nord. Dans la pénombre elle vit ses cheveux voler au vent pour dégager une expression aussi dure que le fer extrait des Mines du Sud-Ouest.
Une certitude lui perça le cœur et l’âme avec la même évidence que l’odeur de la mort leur nouait les entrailles. Elle ne serait plus jamais seule. Ils ne seraient plus jamais seuls.
Tandis qu’il descendait la colline en direction du Nord, elle observa sa démarche à grandes enjambées. Bien bâti, il n’en était sûrement pas à sa première campagne malgré son jeune âge. Elle lui emboita le pas, partageant la même détermination sanglante.
Pas un mot ne fut échangé. Pas un regard ne fut accordé. Seul le bruit de leur pas sur la terre meuble les accompagnait dans la nuit noire.
Ils le savaient.
Aucun répit ne leur serait accordé. Aucune erreur n’était envisageable. Seuls ils affronteraient tous les dangers. Seuls ils trouveraient des solutions à des situations inextricables. Seuls ils avaient la tâche de survivre et de réussir dans l’Enfer qui les attendait.
Un silence à couper au couteau régnait à l’orée de la forêt qu’ils allaient traverser. L’Ennemi, dans sa retraite, avait laissé sa marque indélébile. Il répandait déjà les prémices des atrocités à venir, et cette rumeur prenait des allures de mise en garde machiavélique. Il allumait les premiers feux de la Terreur qu’Il alimenterait rapidement avec la Violence.
Ils savaient ce qui les attendait. Ils savaient qu’il n’y aurait que des perdants à la toute fin. La dernière tâche qu’ils devaient accomplir avant de quitter ce monde était d’assurer l’Avenir.
Les jours et les semaines avaient passés. Ils avaient écumés toute la Forêt des Plaines, qui servait d’avant poste à l’Ennemi. A deux ils avaient pu passer aisément à travers les mailles du filet. Un avantage mince, mais suffisant avec la configuration des lieux. La Forêt des Plaines était réputée pour être l’une des plus denses du Royaume. L’Ennemi s’en était servi pour poster un bataillon de ses premières troupes.

De petite corpulence et encore novice dans l’art de la guerre, les créatures du Démon poussèrent leur avantage du nombre à l’échec. Trop orgueilleuse, elles affichèrent une assurance sans fondement. Bien mal leur en fît, car en près de deux semaines, ils les avaient tous éradiqués. Le 11ième Bataillon des Plètres n’était plus.

Non content de leur première réussite, ils poussèrent leur investigation plus au Nord, longeant le Grand Canyon Solte qui semblait tracer la limite entre le sud et le nord du Royaume. Une limite entre des températures encore douces, et des températures de plus en plus glaciales. En chemin ils croisèrent quatre divisions espacées de plusieurs jours de marche. Les affrontements furent nettement plus courts, et nettement plus violents.

Alors que la fin de la bataille contre la quatrième division se profilait, elle reçut un coup de dague entre les cotes. Le poumon fut évité de peu et la lame ripa sur l’os. Malgré la douleur et le voile rouge qui s’abattit sur ses yeux, elle poursuivit la lutte à ses cotés. Elle était là pour ça, et il était encore trop tôt pour partir. De son coté, il assurait ses arrières avec plus d’attention. Quand le dernier ennemi tomba sous les coups, elle s’écroula au sol. Il la porta sur son épaule le restant de la journée, et quand arriva la nuit parmi les ténèbres omniprésente, il s’autorisa une halte pour allumer un feu. Il soigna sa blessure et la jeune femme se lova dans ses bras à la chaleur des flammes qui léchaient le bois dans un doux crépitement.

Les batailles s’enchainèrent plus que de raison. Plus d’une fois il lui sauva la mise. Plus d’une fois elle lui sauva la mise. Ils n’étaient plus seuls et la confiance qu’ils plaçaient en l’autre n’avait d’égal que la confiance qu’ils s’accordaient à eux-mêmes. Ils parlaient peu. Ils se regardaient peu. Pourtant une étrange relation les liait intimement l’un à l’autre. Sans l’un ils n’étaient rien. Sans l’autre ils n’étaient rien.

A eux deux ils avaient éliminé les trois quart des troupes de l’Ennemi. Ils leur avaient fallut presque un an pour y arriver, mais pour l’instant ils n’avaient pas échoué. Ils continuaient d’avancer toujours plus au Nord, même après avoir franchit les frontières du Royaume ils continuèrent d’avancer. Les frontières n’avaient plus de sens à leurs yeux. Seul comptait l’Avenir, et l’Avenir n’avait pas de frontières.

Alors qu’ils affrontaient le dernier Bataillon des Velines, autrement appelé la Première Garde Velines, l’élite de l’Ennemi, il cru venir son dernier moment. Une flèche en argent empoisonnée se ficha dans sa cuisse droite manquant de le faire tomber à la renverse. Son adversaire le plus proche en profita pour fondre sur lui dague en avant pour trancher sa carotide. Il l’évita de justesse et la dague se planta profondément dans son épaule. Un autre adversaire se cramponna sur son dos et lui enfonça son épée courte dans le flanc. C’est à ce moment qu’elle intervint, virevoltant dans les airs comme une panthère des neiges pour mettre fin aux petits jeux des Velines. Elle les exécuta sans autre forme de procès. C’était à son tour de le protéger.
A l’aube de la dernière bataille contre l’Ennemi ils se tenaient cote à cote devant le Château d’Erolrick. Le dernier rempart avant la fin. Ils savaient qu’il n’y aurait pas de fin heureuse. Mais pouvaient-ils être plus heureux qu’aujourd’hui ? Pouvaient-ils être plus heureux sachant qu’ils avaient réussit leur dernière tâche avant de partir ?

Leurs mains se joignirent en une fugace étreinte. Un dernier instant à eux avant de se jeter dans la gueule du loup.

La lutte fut terrible. Du sang jonchait le sol de pierre froide. Ils ne savaient pas si c’était le leur ou le sien. Leurs regards croisèrent celui du Démon. Ses yeux jaunes se voilaient de rouge et sa respiration était rauque, gênée par les flots de sang qui sortaient de sa gueule. Ils n’eurent pas besoin de parler pour se comprendre. Ce petit jeu avait suffisamment duré, il était temps d’en finir. Dans un même mouvement ils se jetèrent dessus. Les lames s’entrechoquèrent et déchirèrent la chair et les os.

Il rampa jusqu’à elle. Elle respirait encore et ouvrit les yeux en l’entendant s’approcher. Il lui prit la main et l’attira vers lui.

Ils ne seraient plus jamais seuls. C’en était fini.

"La vengeance est un plat aux saveurs multiples qui ne se consomme que dans un avenir incertain."

samedi 1 mai 2010

Ce soir...


Ce soir il faisait sombre. La pénombre avait à nouveau recouvert le Royaume comme une chape de plomb. La voie lactée était redevenue une illusion et un nouveau cycle sans lune recommençait. Ce soir, les nuages opaques nous étouffaient à nouveau dans les voiles du désespoir. Le répit avait été de courte durée, mais l'ennemi n'avait pas gagné ce champ de bataille.
Il se releva, exténué par la journée sanglante à laquelle il avait pris part.
Aujourd'hui il avait survécu. Et de ce qu'il pouvait en voir, il était le dernier survivant. Il n'y avait plus âme qui vive autour de lui. Il maudit le Grand Oracle de ne pas l'avoir emporté avec sa folie. Même si tous espérait un miracle, lui n'en attendait aucun. La fin était tout ce qu'il n'avait jamais espéré.
Il épousseta sa lame et l'essuya sur la cape d'un cadavre. Ses vêtements avaient pris une teinte rougeâtre et ses pas résonnaient curieusement sur le sang des morts. Il remit son masque en place et soupira. La vengeance n'amenait jamais rien de bon.
Aucune trompette ne résonna. Aucune défaite n'était célébrée. Aucune victoire n'était célébrée. Seuls les croassements des charognards accompagnaient la fin de ce sanglant affrontement. Triste jour pour le Royaume et l'Ennemi.
Il parcourut le charnier indescriptible pour gagner une colline en surplomb. Cette débauche de fureur n'avait servi à rien. Ce dernier champ de bataille n'en avait pas été un. Il avait seulement annoncé les prémices d'une nouvelle ère à venir. Une ère qui n'aurait aucune pitié pour les âmes innocentes. Les armes, la boue et le sang. C'est tout ce que nous connaîtront à partir de cet instant.
Ils étaient ceux à qui on avait tout pris.
Ils étaient la souffrance, la colère, la rage et la haine.
Ils étaient les cadavres de notre conscience.
Ce soir, il était celui qui avait survécu à cette journée sans nom.


"La vengeance est un plat qui laisse un goût amer dans la bouche."